Focus sur Guilbert de Pixerécourt, inventeur du mélodrame


René-Charles Guilbert de Pixerécourt, auteur lorrain, est né le 22 janvier 1773 à Nancy. Ses parents étaient propriétaires du château renaissance de Pixerécourt où il passa son enfance.
« … Ce château où l’on éleva mon enfance ; ce jardin où je reçus cent fois les innocentes caresses de ma Clémence, … »

Inventeur du mélodrame, on doit à ce lorrain, qui fut aussi directeur de théâtre, 111 pièces (mélodrames, vaudevilles, comédies, tragédies, opéras-comiques) qui auraient été jouées en tout plus de trente mille fois.

Son premier grand succès vient en 1798 avec Victor, ou l’Enfant de la forêt, drame en 3 actes, en prose et à grand spectacle joué à l’Ambigu-Comique.
Le 2 septembre 1800, Coelina ou l’Enfant du mystère paraît à l’affiche du même théâtre et sera jouée 387 fois à Paris et 1089 fois en province.

Ensuite la vie de Pixerécourt n’est qu’un enchaînement de succès.

Il meurt le 27 juillet 1844 et sa tombe se trouve au cimetière de Préville à Nancy.

Focus sur Victor ou l’enfant de la forêt, le château fort décrit par Pixerécourt est celui de son enfance, le château renaissance disparu :

ACTE I
SCÈNE PREMIÈRE.

Le théâtre représente le jardin d’un château fort ; il se termine dans le fond par le fossé, et à droite (1) par un mur épais, dans lequel est une petite porte qui donne de plein-pied dans la campagne. À gauche on aperçoit le dernier corps-de-logis d’un château gothique surmonté de tourelles. Du même côté, sur le devant, une arcade ruinée, au-dessous de laquelle est un berceau de verdure. Dans le lointain, la campagne.…

VICTOR, se promenant, et plongé dans une profonde rêverie.
Oui, je dois fuir ce séjour ; l’honneur l’exige. Ce château où l’on éleva mon enfance ; ce jardin où je reçus cent fois les innocentes caresses de ma Clémence, de Clémence qui ne voit qu’un frère dans celui que le plus violent amour consume, je quitterai tout…

Oui, tout. Mais mon protecteur !… Cet homme respectable et vertueux qui compte sur moi pour adoucir les ennuis de sa vieillesse ; aurai-je bien le courage de l’abandonner ?… Ingrat Victor ! L’as-tu pu concevoir cet affreux projet ?… Et pourquoi fuir ?… Si je lui déclarais mon amour pour sa fille, cet amour pur et fondé sur la reconnaissance, pourrait-il me repousser de son sein après m’avoir tant de fois accable des bontés les plus touchantes ?… Non Le Baron de Fritzierne est sage, il fait peu de cas de la naissance, des dons de la fortune : il n’estime que l’honneur et la probité ; il me jugera digne de sa fille, il nous unira !… Ô ma Clémence !… Et que dis-je, insensé !… Toi, malheureux enfant, trouvé dans une foret : toi, sans parents, sans amis, sans appui sur la terre, tu deviendrais le gendre de l’un des plus riches seigneurs d’Allemagne !… Non, non. Victor ; cesse de t’abuser : ce bonheur n’est pas fait pour toi. Fuis, malheureux !… Fuis des lieux que ta présence ne tarderait point à troubler.
Il s’assied sous le berceau et retombe dans la rêverie.


Article © PFDebert 2021
Illustrations d’époque des pièces de Pixerécourt © Gallica BnF

René-Charles Guilbert de Pixerécourt
Gravure de Nosselmann ; d’après une peinture de Sophie Chéradame
Robinson Crusoé, mélodrame de Pixérécourt : costume de Marty (Robinson) / dessiné par Chaponnier
Éditeur : Martinet, 1805
La citerne, mélodrame de Guilbert de Pixérécourt : costume de Basnage (Mesquinos)]
Date d’édition :  1809
© BnF
La citerne, mélodrame de Guilbert de Pixérécourt : costume de Caroline Soisson (Clara)
Éditeur  :  Martinet (Paris)
Date d’édition :  1809
Le chien de Montargis, mélodrame de Pixérécourt, 1814.
Paris : Théâtre de la Gaîté, 18-06-1814.
© BnF
La fille de l’exilée, mélodrame de Pixérécourt : costume de Ferdinand (le Czar)]
Éditeur : Martinet (Paris), 1819.
Paris : Théâtre de la Gaîté, 13-03-1819
© BnF
Le Château de LochLeven. Guilbert de Pixérécourt ;
avec Mademoiselle Millot (Marie Stuart).
Paris : Théâtre de la Gaîté – 03-12-1822.
Château actuel de Pixerécourt
Cimetière de Préville, Nancy

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