De château en château – La petite fille de Montaigu


Fille de Bon Prévost, receveur général des fermes (collecteur d’impôts) du roy Stanislas, et de Marie Le Maistre, Adélaïde Prévost est née assurément « une cuillère d’argent dans la bouche ».
Pour elle s’élèveront deux somptueuses demeures : la folie de Montaigu en Lorraine et le château du Marais à 60 km de Paris.

C’est pour elle que ses parents font construire le château de Montaigu , élégante « folie » dans la campagne proche de Nancy, afin d’éloigner leur fille unique et chérie des maladies de la ville.

En 1757, Adélaïde a deux ans lorsque son père pose la première pierre de cette demeure qu’elle quittera vers 1764, suite au décès de celui-ci.

On peut imaginer l’enfant jouant à l’ombre des charmilles et courant dans les allées du jardin à la française de cette belle maison de plaisance.Meublé dans le goût de l’époque, l’intérieur de Montaigu est cossu.
Cheminées de marbre, boiseries, parquets de chêne font l’apparat de la famille Prévost, amie avec la famille de La Galaizière (chancelier de Stanislas).
Par ailleurs, c’est avec l’un des fils de La Galaizière qu’Adélaïde est inoculée de la variole en 1763 par le célèbre médecin Angelo Gatti.
Entre autres, il n’est pas rare que le roy Stanislas, voisin de Montaigu lorsqu’il séjourne dans sa résidence de La Malgrange, vienne faire un petit coucou à Adélaïde et à ses parents.
Une vie bien tranquille, donc, pour cette petite famille attachée à la cour de Lunéville.

Mais en 1763, M. Prévost décède suite à une maladie fulgurante, laissant sa femme et sa fille désorientées et désargentées.
C’est peut-être la seule période sombre d’Adélaïde, mais aussi semble-t-il une leçon de vie, comme elle l’exprimera plus tard dans sa correspondance.

Adélaïde s’engage ensuite vers son singulier destin, laissant à Montaigu de cruels mais aussi de délicieux souvenirs :
« Que de soins que d’affections se réunirent sur moi depuis le moment de ma naissance. Seul gage d’une union si tendre, je fus aussi le point de réunion du bonheur de mes parents et l’occupation la plus douce de leur vie. », « Cette maison est célèbre par la beauté de sa position et je n’en connais pas de plus agréable et de plus piquant ; c’est une habitation délicieuse. »

Dés 1766, installée à Paris avec sa mère, Adélaïde a la chance de recevoir une éducation exemplaire. Elle suit des cours de musique et de mathématiques, matières qu’elle adore.
Bien née, autrement dit, dans un réseau influent de « financiers », elle épouse en 1780 Alexis Janvier Lalive de La Briche, introducteur des ambassadeurs de Louis XVI, fils du fermier général Louis Denis Lalive de Bellegarde et devient la belle sœur de Mme d’Epinay et de Sophie d’Houdetot.

Veuve à 30 ans, elle hérite par son oncle Jean Le Maître de La Martinière, trésorier général de l’artillerie et du génie, du fastueux château du Marais qu’il a fait construire rien que pour elle, et qui sera, grâce à elle, l’endroit le plus prisé de la haute société.

Mme de La Briche, devient alors une salonnière française très courtisée. Peinte par Mme Vigée Lebrun, ou encore Adélaïde Guiard, elle est célébrée ainsi par Chateaubriand : « Mme de La Briche, cette excellente femme dont le bonheur n’a jamais pu se débarrasser » (Mémoires d’outre-tombe.)

Sources : Une maison française Montaigu en Lorraine, Edouard Salin- Le destin d’Adélaïde Prévost de la Briche, Evelyne Geoffroy – Florian – Le pays Lorrain


Château de Montaigu, Laneuveville-devant-Nancy

Château de Montaigu, Laneuveville-devant-Nancy

Portrait d’Alélaïde par Élisabeth Vigée Le Brun, c. 1780

Château de Montaigu, Laneuveville-devant-Nancy

Fille d’Adélaïde peinte par Mme Vigée-Lebrun

Château de Montaigu (intérieur), Laneuveville-devant-Nancy

Château de Montaigu (intérieur), Laneuveville-devant-Nancy

Portrait d’Adélaïde par Mme Labille-Guiard, 1787

Portrait d’Alélaïde par Élisabeth Vigée Le Brun

Château du Marais

2 Replies to “De château en château – La petite fille de Montaigu”

  1. beau château de Montaigu témoignage parfait de l’esprit 18eme en architecture et qui présente une grande similitude avec le château des Capucins à Rambervillers

    1. Bonjour Gilles,
      Merci pour la découverte du château de Rambervillers, une petite visite s’impose !
      Belle journée à vous

Répondre à Pascale Debert Annuler la réponse