Film burlesque sur Jeanne du Barry

Bon, j’ai attendu de voir le « fameux » film sur Jeanne Bécu de Cantigny… alias Mme du Barry, avant de critiquer. La réalité fiction ne me gène pas et je m’attendais à des invraisemblances.

Mais dans le film de Maïwen le Besco, eh bien, comment dire, tout est abracadabrantesque !

Les visages, les sourires, les fards, les perruques, les attitudes, les répliques, la petite vérole de Louis XV, tout est grossi à la loupe ou à la louche de Maïwen…
On est entre Cendrillon de Walt Disney et un téléfilm un peu raté.

On rit des longueurs, mais espérer que la mort interminable du roi sera le point final (et un soulagement pour les spectateurs) est un leurre, car la véritable reine, c’est Maïwen ! et on ne l’abat pas comme ça…

Des lourdeurs en veux-tu, en voilà, des trucs bien aussi, parfois mais pas souvent.

Tout est ridicule (comme la cour au XVIIIe siècle, c’est le seul truc un peu raccord) et le ton burlesque essaie de faire avaler les anachronismes et même l’accent de Johnny Depp.

Bref il vaut mieux en rire qu’en pleurer, c’est le parti pris – sans doute en dernier recours – et qui sauve “un peu” ce film… qui ne marquera pas l’histoire du cinéma.

Quand à Jeanne Bécu, je ne l’ai pas vue dans ce film mais je l’ai reconnue dans Le neveu de Rameau de Diderot :

DIDEROT RACONTE L’HISTOIRE DE MMe “DU BARRY”
Par l’intermédiaire de Jean-François Rameau (son interlocuteur dans son livre Le neveu de Rameau), Diderot raconte la scène d’un proxénète séduisant une jeune fille. Dans certaines éditions de son livre, le mot « proxénète » a tout simplement disparu car la scène cocasse ressemble étrangement à l’histoire de Mme Du Barry, dernière maîtresse en titre de Louis XV.
Voici un extrait de la scène :
[J-F Rameau se parlant à lui-même, et se demandant pourquoi il n’est pas capable de faire certaines choses pour devenir riche]

— Est-ce que tu ne saurais pas faire entendre à la fille d’un de nos bourgeois qu’elle est mal mise ; que de belles boucles d’oreilles, un peu de rouge, des dentelles, ou une robe à la polonaise, lui siéraient à ravir ? Que ces petits pieds-là ne sont pas faits pour marcher dans la rue ? Qu’il y a un beau monsieur, jeune et riche, qui a un habit galonné d’or, un superbe équipage, six grands laquais, qui l’a vue en passant, qui la trouve charmante, et que depuis ce jour-là il en a perdu le boire et le manger, qu’il n’en dort plus, et qu’il en mourra ?
— Mais mon papa ?
— Bon, bon, votre papa ! il s’en fâchera d’abord un peu.
— Et maman qui me recommande tant d’être honnête fille ; qui me dit qu’il n’y a rien dans ce monde que l’honneur ?
— Vieux propos qui ne signifient rien. …
— Et mon confesseur ?
— Vous ne le verrez plus ; ou si vous persistez dans la fantaisie d’aller lui faire l’histoire de vos amusements, il vous en coûtera quelques livres de sucre et de café.
— C’est un homme sévère, qui m’a refusé l’absolution pour la chanson, Viens dans ma cellule.
— C’est que vous n’aviez rien à lui donner : mais quand vous lui apparaîtrez en dentelles…
— J’aurai donc des dentelles ?
— Sans doute, et de toutes les sortes…, en belles boucles de diamants…
— J’aurai donc de belles boucles de diamants ?
— Oui.
— Comme celles de cette marquise qui vient quelquefois prendre des gants dans notre boutique. [Jeanne Bécu travaille dans une boutique de modes]
— Précisément… dans un bel équipage avec des chevaux gris pommelés, deux grands laquais, un petit nègre [Zamor est le page de Madame du Barry], et le coureur en avant ; du rouge, des mouches, la queue portée.
— Au bal ?
— Au bal, à l’Opéra, à la Comédie… (déjà le cœur lui tressaillit de joie…)
— Tu joues avec un papier entre tes doigts. Qu’est-ce cela ?
— Ce n’est rien.
— Il me semble que si.
— C’est un billet.
— Et pour qui ?
— Pour vous, si vous étiez un peu curieuse.
— Curieuse ? je le suis beaucoup ; voyons (elle lit). Une entrevue ! cela ne se peut.
— En allant à la messe.
— Maman m’accompagne toujours ; mais s’il venait ici un peu matin, je me lève la première, et je suis au comptoir avant qu’on soit levé…
— Il vient, il plaît ; un beau jour, à la brune, la petite disparaît, et l’on me compte mes deux mille écus…

Commandés par Mme du Barry à Honoré Fragonard, ce panneau fut jugé “démodé”. En 1771-1772. Fragonard peint pour la comtesse Du Barry, maîtresse officielle du roi, l’ensemble des quatre panneaux destinés au château de Louveciennes qui furent payés, mis en place et bientôt rendus.


One Reply to “Film burlesque sur Jeanne du Barry”

  1. Le panneau est joli et frivole, comme on les aimait …
    La fin le fut moins !
    ” Encore une petite minute, monsieur le Bourreau ” aurait dit La Du Barry avant que sa tête ne tombe sous l’échafaud le 8 décembre 1793 …
    Vrai ? Faux ?

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