Voltaire ose tout.
C’est déguisé en ecclésiastique que le philosophe se rend, le soir de la seconde représentation de sa tragédie Sémiramis, au café de Procope pour entendre ce que l’on dit de son œuvre.
L’Antre de Procope abritait souvent des poètes maigres et blêmes qui avaient l’air de revenants, c’est dans ce lieu mal éclairé que les « Aristarques » jugeaient les pièces, les auteurs et les acteurs du théâtre de la Comédie qui se trouvait juste en face.
Voltaire y comparait vêtu d’une soutane avec le manteau long ; les bas noirs , la ceinture, le rabat et tenant un bréviaire.
La perruque mal peignée et de travers sous un tricorne à bord à demi rabattus, il s’installe dans un coin pour entendre les débats et les discussions sur sa pièce. Vers 11h du soir, il se retire discrètement pour rentrer chez lui, provoquant une grande frayeur à son secrétaire Sébastien Longchamp qui le prit un instant pour un spectre !
« Quoique je fusse instruit de son déguisement , j’avoue que fus encore frappé et presque effrayé en le voyant accoutré comme il l’était. Je le pris pour un spectre… »

dommage que l’on ne nous dise pas , quels ont été les commentaires!!??
Bonjour voici l’extrait concernant les débats sur Sémiramis :
Il ne tarda pas longtemps à voir arriver les habitués du parterre de la comédie et les tenans du café. Il y en avait de tous les partis. Ils entrèrent bientôt en discussion sur la tragédie nouvelle. Ses partisans et ses adversaires plaidaient leur cause avec chaleur, et déduisaient leurs raisons. Des personnes impartiales disaient leur mot et répétaient quelques beaux vers de la pièce. Pendant ce temps, M. de Voltaire, les lunettes sur le nez, la tête penchée sur la gazette qu’il feignait de lire, écoutait les débats, profitait des observations raisonnables, souffrait beaucoup d’en entendre de fort absurdes sans pouvoir les relever, ce qui lui donnait de l’humeur. C’est ainsi que, pendant une heure et demie, il eut le courage et la patience d’entendre raisonner et bavarder sur Sémiramis, sans dire un mot.