Cette chambre du château de Lunéville, au plafond étrangement vouté, fut celle du duc François III de Lorraine, dite alors « chambre verte », puis celle de Catherine Opalinska, épouse du roy Stanislas, avant d’être celle de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuïl, marquise du Châtelet, en 1749.
En effet, le roy Stanislas, soucieux que sa bonne amie soit hébergée le mieux possible, la loge dans les appartements de feue son épouse, la reine, dans les trois pièces en enfilade qui sont au plus près des jardins.
On remarque sur le trumeau sculpté et peint en jaune du miroir, une sphère armillaire ainsi que des instruments de mathématiques, suggérant que le roi aurait pu faire re-décorer ces pièces spécialement pour la mathématicienne, de même qu’il lui avait fait bâtir une petite maison de plaisance peinte en bleu dans le hameau de Jolivet (le bleu et le jaune étant les couleurs du blason de la famille de Breteuïl).
Entourée de ses amis, de ses livres, de ses robes, de ses bijoux et de ses nombreuses tabatières, la célèbre marquise du Châtelet décède dans cette chambre le 10 septembre 1749, à 1h du matin, 6 jours après avoir accouché d’une petite fille.
L’inventaire de ses effets personnels, établi le 11 septembre 1749, est conservé aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle.
Il détaille avec précisions les « nippes » et « hardes » de la marquise, sachant qu’une robe, à cette époque, peut valoir le prix d’un château.
Extrait de l’inventaire :
Dans la première chambre qui compose son appartement et parce dans « quelle » nous y avïons trouvé une grande armoire servante de garde robes nous y avïons fait apposer les scellés aux deux bouts d’une bande de papier traversante l’entrée de la serrure —- de là étant passé dans une anti chambre voisine et parce que dans quelle il s’est trouvé une armoire bois noyer à deux vollets fermante à clef nous avions sur l’entrée des serrures de la ditte armoire et malle fait pareillement fait apposé nos scellés, de là étant passé dans la chambre mortuaire, nous avïons fait renfermer tout ce qui s’est trouvé dans le tiroirs d’une commode, dans un cabinet attenant à la dite chambre et après en avoir fait fermer l’entrée, nous avons sur la porte du dit cabinet aussy fait mettre un scellé de même que sur un secrétaire qui se trouvait dans la ditte chambre, les clefs desquelles armoires, cabinet, secrétaire avons remis entre les mains de nostre dit greffier —- pour être remise en son greffe.


