Quand Nancy avait un petit goût d’Italie !

Le quartier aujourd’hui disparu (à l’emplacement actuel du centre commercial Saint-Sébastien), et qui comprenait la rue Notre-Dame, la rue des Artisans, la fontaine Saint-Thiébaut réputée pour son eau miraculeuse, l’hôpital Saint-Jacques, la maison du serrurier du roi Stanislas Jean Lamour ou encore celle du graveur Alexandre Vallée, devait avoir un petit goût d’Italie !
En effet la plupart des (feus) bâtiments de ce quartier furent construits au début du XVIIIe siècle autour de l’église Saint-Sébastien, chef d’œuvre de l’architecte Jean-Nicolas Jennesson, à qui le duc Léopold tout heureux de retrouver ses duchés, commandera aussi l’église Saint-Jacques de Lunéville (qu’il n’aura pas le temps de terminer), et qui édifie avec ses propres deniers l’ancienne église Saint-Pierre (entre 1716 à 1736 près de l’hôtel de la Mission Royale).
Jennesson s’inspire pour édifier son œuvre suprême (l’église Saint-Sébastien), des églises baroques italiennes(1) du XVIIe siècle et les façades des églises de Saint-Ignace-de-Loyola et de Sainte-Suzanne à Rome par exemple sont assez semblables.
Illustration couverture : Dessiné d’après nature et lithographié par Adolphe Maugendre (1809-1895).
Wiener (aîné) fils éditeur à Nancy

Saint-Ignace-de-Loyola à Rome.
Maison du serrurier Jean Lamour édifiée au chevet de l’église Saint-Sébastien.
Rue du Moulin puis rue Saint-Thiébaut.

Hôpital Saint-Jacques. Cour intérieure.
Sainte-Suzanne à Rome



6 Replies to “Quand Nancy avait un petit goût d’Italie !”

  1. A.M. Ivankov-Diaz dit : Répondre

    Bonjour,

    N’ayant jamais visité la belle ville de Nancy je ne connaissais pas le centre commercial Saint Sébastien. Un tour chez Wikipedia me fait prendre conscience de la verrue, du blockhaus de béton, dignes des heures les plus laides du brutalisme architectural, venus remplacer le pittoresque et ancien quartier XVIIIe siècle que vous décrivez très bien.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_commercial_Saint_S%C3%A9bastien

    La page Wikipedia précise que le centre commercial ” a été construit sur l’emplacement de nombreux immeubles insalubres”. La salubrité avait bon dos et n’était qu’un prétexte pour que certains promoteurs (et politiciens locaux aussi) remplissent leurs poches.

    J’apprécie tout particulièrement la photo qui montre la maison du serrurier Jean Lamour. Les volutes des grilles des fenêtres sont très bien achevées. Probablement une oeuvre de ce maître serrurier lui-même.
    Ce n’est pas seulement un air d’Italie, mais aussi un air d’Espagne qu’apportent ces grilles ouvragées à la fenêtre !

    1. Bonjour, merci pour votre message, vous avez tout compris de ce triste massacre entrepris dans les années 70/80 et qui continue malheureusement…
      Restons vigilants car comment comprendre l’histoire si plus rien ne subsiste !
      Amicalement

      1. REGNIER Juliette dit : Répondre

        Oui, “triste massacre ” au profit des promoteurs qui s’en sont “mis plein leurs poches”. On a démoli des quartiers anciens, qui avait une âme, vidés de leurs habitants, parce que “pauvres et immigrés” qui ont une HISTOIRE, un peuple solidaire, nomade, logé en HLM, sans âme, sans racines, sans Histoire …Peuple qui faisait “Tache” au cœur de la ville !
        J’ai vécu 18 ans dans ce quartier, (1935 -1952 ) d’abord au 54 puis au 66 rue Notre Dame, là où était au 32 la maison Jean LAMOUR. J’ai édité un livre , sorti en 2009 : ” Au cœur de Nancy , Mémoire de l’ancien quartier Saint Sébastien” On y trouve des interviewes des habitants , le quotidien, et les détails des rues, leurs architectures. Livre dédié uniquement aux rues détruites .
        Juliette REGNIER Vandœuvre les Nancy

        1. Bonjour Juliette, je viens de lire votre commentaire très émouvant. J’imagine en vous lisant comment ce quartier avait une âme, contrairement à cette galerie et ces affreux immeubles en béton voués à une destruction prochaine car contrairement aux pierres de taille, le béton ne résiste pas au temps. Je vais tenter de me procurer votre livre, si je le trouve, je vous envoie mes sincères salutations. Pascale

  2. toujours à pleurer , comme la place de la gare qui me navre à chaque fois que je la traverse comme un vieux cauchemar qui vous poursuit depuis l’enfance

  3. Très beau commentaire sur ce quartier disparu
    Le Vieux Nancy : les rues autour de Saint-Sébastien… par Claire Brunner
    Mes souvenirs sont ceux d’une enfant de moins de onze ans.
    Il y avait des séances de cinéma les jeudis après midi à la Salle Poirel. J’ habitais dans le quartier de l’autre côté du Pont des Fusillés.
    Il fallait descendre en passant derrière la synagogue pour rejoindre cette salle Poirel…et traverser ce fameux quartier. 
    Moi, l’architecture, je m’en foutais ! Les maisons étaient moches et sales.
    On ne voyait pas trop ce qu’il y avait derrière les couloirs sombres et étroits. 
    Rues ” mal famées”. Quand mon père disait ” rue de la Hache “, il avait tout dit.
    Le mot hache sifflait à mes oreilles, tel un couperet.
    C’était un lieu dangereux, car plein d’enfants – de ” gosses des rues ” comme on disait.
    Comme nous étions nous-mêmes d’ailleurs.
    Pas surveillés. On pouvait faire plein de conneries et on ne s’en privait pas ! .
    J’y allais avec ma copine Marie Claude. Elle est morte il y a 12 ans.
    On traversait le ” no man’s land ” avec beaucoup d’appréhension.
    Tout de suite, les gosses voyaient qu’on n’était pas du quartier. 
    Et alors, les insultes pleuvaient et les cailloux aussi !
    Je me souviens des pavés de la chaussée …et des fontaines publiques. Les noms des rues, je sais plus. 
    Rien à voir avec ” la Fontaine saint Thiébaut “. Des fontaines toutes simples. En fonte – avec de l’eau courante.
    Il suffisait de tourner un bouton.
    Un jour, on s’est vengé ! 
    Il y avait une lessiveuse, avec des draps qui trempaient, sous l’eau.
    Quelqu’un (une femme sûrement, qui fait d’autre que les femmes faisaient la lessive ?), avait laissé la lessiveuse sans surveillance.
    Alors, on a tiré les draps…. dans la boue du caniveau …Et on s’est barré. 
    On a bien rigolé… 
    La femme, moins, évidemment ! 
    Mais on a rien vu de la suite.  
    Et nos parents non plus ….
    Sans quoi, c’était la raclée assurée, avec ou sans martinet. Quand mon père frappait, y avait pas besoin de martinet. (c’était rare, quand même !). 

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