Le Grand-Sauvoy à Maxéville

La véritable histoire du château jusqu’à nos jours.
Sieur du Vivier, Comte de Saint-Germain, Mirabeau, Gyp, Grande Brasserie de l’Est… le domaine du Grand Sauvoy a plus d’une histoire à nous raconter…
Après une enquête rondement menée, voici l’histoire du château du « Grand Sauvoy » de Maxéville, actuellement Centre d’hébergement et de réinsertion sociale.

Aujourd’hui encore, le vaste vestibule du rez-de-chaussée du château possède son dallage d’origine.
Eclairé par trois fenêtres, ce vestibule s’ouvre sur une cage d’escalier composée de trois arcs.
L’escalier, en pierre, est à retours, suspendu et compte trois volées ornées d’une rambarde ouvragée de Jean Lamour.

Le bâtiment principal du château fut édifié au début du XVIIIe siècle (sous le règne de Léopold) par la famille de Cueillet sur des terres leur appartenant depuis le XVIe siècle.
Le sieur Jacquemin, gruyer (garde forestier), anobli par Charles III pour ses « agréables services », devient propriétaire des terres arables du « Saulvois » en 1580.
Le Saulvois est le nom du vivier attenant à la chapelle Saint-Sébastien.
Jacquemin de Cueullet ajoute par ailleurs pompeusement à son nom la qualification de « Sieur du Vivier ».
En 1724, Jean-Hyacinthe Cueillet de Saffais, conseiller de la cour souveraine de Lorraine et Barrois est l’unique et seul possesseur du Sauvoy. Le domaine consiste alors « en une maison de maître entourée de fossés, une grande cour d’entrée avec une avenue plantée de charmille ; en une maison de ferme, grange, écuries, bouderie, métairie, pressoir etc. »

Le bien qualifiée de « maison de plaisance » est vendu en 1779 au capitaine Jean-Louis Stanislas Febvre, comte de Saint-Germain. Sa famille est visiblement bien implantée à la cour du roy Stanislas et possède de nombreux biens.
Le comte se plait à agrémenter le château d’un jardin romantique comprenant « une grotte de rocher qui jette des eaux ».
Malgré le charme certain de sa maison de plaisance, Stanislas de Saint-Germain la vend aux frères Marmot, industriels, puis elle passe, du baron de Landoville aux frères Deraucourt en 1848, et enfin en 1864, à M. Galland, capitaine d’industrie.
Le domaine seigneurial est alors coupé en deux par la ligne de chemin de fer, et M. Galland construit sur les dépendances une gigantesque usine (Société de la Brasserie Viennoise puis Grande Brasserie de l’Est) ainsi qu’un café avec terrasse.

Le château resté intact est ensuite acheté par la comtesse de Martel, écrivaine très en vue, dont le pseudonyme est GYP.
La comtesse de Martel, unique descendante de Mirabeau ((1) voir sa bio ci-dessous), fait graver sur le fronton de son château, entre 1877 et 1880, les armoiries de son époux, le comte de Martel (notamment les 2 lions assis).

A partir de 1920 le château est acheté, ainsi que l’ensemble du domaine, par l’évêché de Nancy-Toul pour accueillir un foyer de jeunes ouvriers.
L’intérieur du premier étage est entièrement rasé pour être transformé en chapelle. En 1933, un incendie détruit en grande partie le bâtiment, il est restauré (charpente : métal et béton) et agrandi d’un corps en retour sur la façade postérieure par l’architecte Jules Criqui (1883-1951)

L’ensemble du décor intérieur et des lambris du XVIIIe siècle conservés sont remontés dans une pièce du rez-de-chaussée dite salon jaune ou le salon Versailles.
Actuellement, le domaine est un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale. L’association propose la location des salles du château ainsi qu’un service de restauration sur place.

(1) GYP : La comtesse de Martel (1948-1932) mérite un portrait détaillé car, née Sibylle Aimée Marie Antoinette Gabrielle Riqueti de Mirabeau, elle est l’unique descendante de MIRABEAU.
Fille de la comtesse de Mirabeau (née Le Harivel de Gonneville, écrivaine également et autrice de nombreux ouvrages), Gyp est élevée chez ses grands parents à Nancy, dans l’immeuble familial de la place Carrière.
Gyp, est une dramaturge, romancière et salonnière française. Elle écrit plus de 120 contes, pièces de théâtre, scénarios de film, dont : Petit Bob, Mademoiselle Eve, Miquette, Tototte, Cloclo, Doudou, Le Friquet, le mariage de Chiffon…
Ses ouvrages sont souvent merveilleusement illustrés par Bob. Immensément célèbre à son époque, cette autrice est totalement oubliée, probablement en raison de ses positions politiques extrêmes.

Enquête Pascale Sonia Debert © mars 2022 Merci à la personne qui m’a aimablement fait la visite du château. Certaines photos sont floues en raison d’un problème technique de mon Canon EOS 😒 https://www.sauvoyrestauration.com/

One Reply to “Le Grand-Sauvoy à Maxéville”

  1. Gilles Larosée dit : Répondre

    merci Pascale , pour cette nouvelle découverte:très bel escalier suspendu avec sa ferronnerie Lamour
    cela mériterait une protection!!!

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