A Bagatelle

La marquise de Monconseil (par Pugin de Saint-Aubin), née Cécile -Thérèse-Pauline Rioult de Curzay (1707-1787), dame d’honneur de la reine de Pologne, en tenue d’hiver rouge, (Saintes, musée Dupuy-Mestreau)

Sur la place Stanislas, trottoir Héré, se délite le mystérieux pas-de-porte “A Bagatelle”, ce nom qui semble revenir du passé a-t-il été choisi autrefois pour évoquer “Bagatelle”, l’endroit le plus couru de Paris où se rendait, pour y faire la fête entre 1747 et 1770, toute la cour de Lorraine ?

Construite en 1720, Bagatelle (surnommée ainsi en raison de ses fonctions fort galantes) est une “petite” maison de campagne située le long du bois de Boulogne. (endroit prédestiné…)

Mme de Monconseil, ancienne dame d’honneur de la cour de Stanislas, loue Bagatelle en 1747 (Louis XV apprécie beaucoup la discrétion de sa voisine car qu’il organise des parties fines dans son pavillon voisin “la Muette”).

Son mari l’a laissant très libre, elle organise alors de grandes teufs où elle convie toute la cour de Lunéville. Musique, théâtre, intrigues, la compagnie galante y crée même une nouvelle morale, celle de se marier pour avoir des héritiers puis d’être libre d’aller voir ailleurs. On se moque de l’amour entre une femme et son mari, on ajoute dans les contrats de mariage que la femme n’est pas obligée de vivre avec son époux… !

Mais en 1777, Mme de Monconseil, ruinée par ses fêtes, doit quitter la maison qu’elle ne peut entretenir. Le comte d’Artois l’acquiert et la reine Marie-Antoinette, le met au défi de réaliser une nouvelle construction en cent jours, soit moins de trois mois. Le comte d’Artois relève le défi et et le nouveau château est surnommé « la Folie d’Artois ».

 

“Bagatelle” fait partie d’un ensemble de trois pavillons dont la “Muette” et le “Petit Madrid”, situées le long du bois de Boulogne.

La Muette,
Cet ancien rendez-vous de chasse fut transformé en un petit château pour la “Reine Margot” première femme de Henri IV, qui légua son château à Louis XIII. Ainsi, de 1606 à 1792, le domaine demeure propriété royale.
En 1716, le Château de la Muette devient la résidence de la Duchesse de Berry.

Bagatelle (la Folie d’Artois)
Construite en 1720 ce “pavillon fort galant, nommé Babiole”, est offert en 1721  par le maréchal d’Estrée à sa femme, amie de Mademoiselle de Charolais, les deux femmes utilisèrent le pavillon pour des réunions galantes destinées au Régent, puis au jeune Louis XV. Puis Mme de Monconseil y organise des fêtes galantes de 1747 à 1770.

Le Petit Madrid
Ce pavillon appartient à Mlle de Charolais, fille naturelle légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan, elle est décrite comme « une célibataire libertine qui menait une vie dissolue et qui à peu près chaque année, se retirait un mois ou deux à Bagatelle pour accoucher discrètement du fruit de ses amours »

Mme de Monconseil
Mariée en 1725 à Étienne Guinot (1695-1782), Grand Veneur de Stanislas Leczinski, titré en 1729 marquis de Monconseil par Louis de Lorraine, prince de Pons.

Bagatelle
Chose frivole et de peu d’importance.
Chose de peu de prix et peu nécessaire.
Choses qui n’ont pas toute l’importance, toute la gravité qu’on leur suppose.
Amourette ou acte de faire l’amour. Aimer la bagatelle, ne songer qu’à la bagatelle, n’être occupé que d’amourettes.
Article / photographie © Pascale Fourtier Debert

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2 Replies to “A Bagatelle”

  1. La duchesse de Berry passe tout le printemps 1717 au château de la Muette. En mai, le jeune Arouet est embastillé pour avoir déclaré en présence d’un informateur de la police que la duchesse de Berry est enceinte de son père et s’est retirée à la Muette en attendant d’accoucher. Et en effet, comme le note ironiquement l’auteur des lettres publiées dans “Gazette de la Régence” la princesse semble “puissante comme une tour” quand elle revient au palais du Luxembourg pour y recevoir le tsar Pierre le Grand le 21 mai 1717. Début juillet, la princesse ne sort plus de la Muette, devenue “si puissante” qu’on craint pour sa vie, et en effet la princesse arrive au terme de sa grossesse, une épreuve alors bien périlleuse sachant combien de femmes meurent en couches. La duchesse accouche fin juillet et se rétablit. Mais cette grossesse, connue d’Arouet en mai est un secret de polichinelle qui inspire de nombreux vers satiriques qui ridiculisent la duchesse de Berry, cette princesse si orgueilleuse et qui vient de faire un poupon dont elle-même ignore le père, “car ils étaient trop à la faire” !

    1. Merci pour votre commentaire très enrichissant.
      C’est exactement la vocation de ce word press, que chacun apporte de l’eau au moulin de ses articles pour l’enrichir !
      Bien amicalement
      Pascale

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