Brrrrr – Le fantôme des douves du château de Haroué

Dans ses Mémoires (1900-1975), la marquise de Lambertye Gerbeviller, née Sancho-Mata(1896-1991 ), dresse un portrait bien acide d’une antique princesse de Beauvau-Craon.

Elle en profite aussi pour raconter l’histoire peu banale d’un fantôme qui aurait hanté les douves du château de Haroué. En voici l’histoire d’après ses écrits :

Née en 1848, la princesse de Beauvau-Craon (née Adèle de Gontaud-Biron), est très âgée lorsque la marquise de Lambertye fréquente sa famille et, selon cette dernière, elle aurait gardé, même à cet âge avancé, un physique extraordinaire.
Très grande, avec des cheveux blancs relevés sur le haut du crâne et rangés en petites boucles, selon la mode du XIXe siècle, la princesse douairière avait des yeux bleus globuleux et larmoyants, un petit nez aquilin et de grosses lèvres humides. Suivant toujours la mode de sa jeunesse, elle portait des bottines à boutons garnies d’un gros nœud, un boa en plumes d’autruches, et se coiffait d’un bibi fleuri garni d’une voilette.

C’est elle qui vit le fantôme des douves plusieurs fois.

En 1938, la vieille princesse, âgée alors de 90 ans décide de prolonger son séjour à Haroué jusqu’au début de l’hiver. Elle et Kate, sa femme de chambre, sont seules au château. Mais Kate s’inquiète d’entendre, tous les soirs vers minuit, un bruit de fenêtre qui s’ouvre alors que la vieille dame est sensée dormir.

Un soir, elle se rend dans la chambre de la princesse et la trouve en chemise de nuit, penchée à sa fenêtre donnant sur les douves. Elle tente de la convaincre de fermer la fenêtre pour éviter qu’elle ne prenne froid mais la princesse lui répond « Mais elle est là avec son fichu noir sur la tête. »

La femme de chambre, persuadée que la princesse perd la raison, décide d’alerter son fils. Le prince, arrivé rapidement sur les lieux, reste sans voix lorsque les villageois lui apprennent que, quelques mois auparavant, une pauvre femme s’était jetée dans les douves du château, et qu’on la retrouva… avec un fichu noir sur la tête.

Mémoires (1900-1975), marquise de Lambertye Gerbeviller

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