Marie-Anne Collot, alias Galatée

Dans la campagne de Bourdonnay (Vic-sur-Seille), un petit monument édifié sur le sommet de la montagne de Marimont et visible à des km à la ronde, semble vouloir défier le temps.

Il abrite quatre sépultures de la famille Falconet-Jankovitz.

Quand, jadis, Diderot prédisait la postérité à son ami Etienne-Maurice Falconet (1716-1791), il ne se doutait pas que notre époque choisirait de retenir le nom de sa fidèle compagne : Marie-Anne Collot-Falconet (1748-1821), sculptrice, dont le destin exceptionnel rayonne toujours depuis la colline de Marimont.

Son histoire brièvement :
Confiée, ou plutôt vendue, par son père comme modèle d’atelier, Marie-Anne Collot, surnommée Mlle Victoire, pose toute jeune pour les vénus et les nymphes des ateliers de Jean-Baptiste Lemoyne et Etienne-Maurice Falconet (1760).
Le mythe devient réalité lorsque Pygmalion, sous les traits de Falconet, tombe amoureux de son ouvrage : Marie-Anne n’a pas 15 ans et Galatée prend alors vie sous les yeux de l’artiste, gagnant en autonomie jusqu’à devenir sculprice elle même.
Belle leçon d’émancipation dans un siècle où les femmes du peuple, d’autant plus modèles, étaient considérées comme femmes de rien.

A 18 ans, Marie-Anne accompagne son maître et amant jusqu’à Petersbourg, à la cour de Catherine II, où son talent de portraitiste lui assure des revenus considérables.
Pendant dix ans, elle assiste Falconet dans la réalisation de son chef-d’œuvre : Le Cavalier de bronze ou Le Cavalier d’airain, soit Pierre le Grand sur son cheval cabré. Elle n’est pas étrangère au succès de la statue (équivalent de notre Tour Eiffel) ayant réalisé les traits du visage de Pierre le Grand.

Etrangement mariée, en 1777, à Pierre-Etienne Falconet, le fils de son amant, et oui ça se complique, elle ne vivra jamais avec ce mari violent avec lequel elle est supposée avoir une fille, la petite Marie-Lucie surnommée Macha.
Secret de famille ? On ne sait rien de plus, Macha ayant pris soin de brûler toute la correspondance entre sa mère et son grand-père.

De retour à Paris, on sait que Marie-Anne et sa fille vivront ensuite 13 ans avec Falconet (sculpteur) devenu paraplégique, dans sa maison sur l’Isle Saint-Louis.
Puis au décès du sculpteur, terrorisée par la Révolution, Marie-Anne se réfugie avec sa fille en Lorraine (devenue française en 1766) où elle achète le domaine de Marimont, propriété d’Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu.

Marie-Anne décède, en 1821, dans son hôtel particulier, rue de la Source, à Nancy et son corps est déposé, en 1847, dans la chapelle funéraire élevée par sa fille sur la colline de Marimont.
Cette chapelle fut édifiée à la mémoire du petit fils de Marie-Anne Collot, Anselme Stanislas “Maurice” de Jankovitz, mortellement blessé lors d’une chasse aux loups à l’âge de 23 ans.

Dédicace spéciale à Patrick et Sylvie
Photographies Marimont 21 Aout 2022 © PFourtier-Debert

Laisser un commentaire