« Le drame des poisons » – La marquise de Brinvilliers



Décapitée en place de Grèves, Marie Madeleine Dreux d’Aubray, marquise de Brinvilliers traîne toujours derrière elle la réputation sulfureuse de « reine des empoisonneuses » et, au début du XXe siècle, son histoire est toujours racontée de façon à frapper volontairement les esprits.
(voir le texte extraordinaire paru dans l’almanach Hachette de 1907, ci-dessous)
A la lumière d’aujourd’hui, les biographes nous racontent l’envers de l’histoire, celle d’une femme abusée sexuellement lorsqu’elle était enfant et qui fut sous la coupe de son amant, un certain Godin de Sainte-Croix, officier de cavalerie passionné par les poisons.
La vérité est que Madeleine est violée à l’âge de sept ans par un domestique, puis par ses deux frères pendant de longues années.
On dit que la marquise, pour venger M. de Sainte-Croix, son amant dont elle est follement éprise et que son père avait envoyé en prison, se met à empoisonner toute sa famille.
On raconte qu’elle se fait la main sur les malades de l’hôtel Dieu, avant de se débarrasser, en 1668, de son père.
Deux ans plus tard, la marquise expédie ses deux frères dans l’au delà.

Elle ne sera inquiétée par la justice qu’en 1676, au décès de son (ex) amant car celui-ci détenait, pour la faire chanter, une cassette contenant des preuves de sa culpabilité soit les reconnaissances de dettes, ses lettres d’amour, plusieurs fioles de poison et une lettre accusatrice.

Le jour de son procès, la marquise avoue que c’est La Chaussée, laquais de Sainte-Croix, qui aurait administré l’élixir fatal à son père, puis à ses deux frères.
La marquise est exécutée comme une sorcière.

Décapitée, sa tête est brûlée et ses cendres dispersées.
Pourtant selon Mme de Sévigné, « Le lendemain on cherchoit ses os, parce que le peuple disoit qu’elle etoit sainte. »

Son histoire a inspiré de nombreux auteurs, autrices, et réalisateurs, réalisatrices.
Articles © Pascale Sonia Fourtier-Debert

DOSSIER – LES PLUS GRANDES CAUSES CELEBRES DE L’HISTOIRE
Almanach Hachette – Petite encyclopédie de la vie pratique – 1907

LE DRAME DES POISONS 

Les causes célèbres des siècles passés ne le cèdent en rien, comme intérêt dramatique ou passionnel, aux plus troublantes tragédies contemporaines. Nos lecteurs s’en convaincront en suivant les péripéties du fameux Drame des Poisons, qui déroula sa trame fantastique à côté du trône du Roi-Soleil.

Les Magiciens de la Mort. 

L’histoire et la tradifton s’accordent à nous montrer dans le XVIIe siècle une époque d’autorité  politique et religieuse, d’ordre social et d’équilibre moral. Mais derrière cette façade imposante au-dessous de la société polie qui brillait à Versailles et, ainsi que nous le verrons, en rapports étroits, avec elle, grouillait et prospérait une tourbe d’aventuriers, de bateleurs, d’escrocs et d’assassins, qui joignait volontiers à ses occupations professionnelles le mysticisme de l’époque. Les empoisonneurs étaient alchimistes, les sages-femmes conciliaient les pratiques de l’envoûtement et celles de l’avortement. Des prêtres satanistes et démoniaques servaient la messe au Diable avant de vaquer à leur assassinats. C’est un des traits saillants de l’Affaire des Poisons d’avoir révélé l’alliance étrange du crime et de la sorcellerie au XVIIe siècle et le pacte conclu entre l’aristocratie, les hauts dignitaires de l’Etat d’une part, et d’autre part les affreux « Magiciens de la Mort ».

La Marquise de Brinvilliers

Marie-Madeleine d’Aubrey, femme du marquis de Brinvilliers, naquit en 1630. Elle était élégante et jolie, mais manifesta de bonne heure son caractère indomptable, son tempérament vicieux. Elle eut bientôt de pressants besoins d’argent, causés par ses habitudes de luxe et aussi par sa liaison avec un nommé Godin, dit Saint-Croix, capitaine de cavalerie, bel homme et redoutable aventurier. La famille de Mme de Brinvilliers fit jeter Sainte-Croix à la Bastille. La sinistre petite marquise en conçut une haine implacable contre les siens. En prison, Sainte-Croix se lia avec un certain Eggidi, autrement Exili, expert en l’art redoutable des poisons. Aussi, dès qu’il fut libéré, s’empressa-t-il de tenir au courant de ses secrets sa maîtresse, qui, pour expérimenter l’effet des toxiques, se mit à visiter les hôpitaux et à administrer aux infortunés malades d’épouvantables élixirs. Elle résolut alors l’empoisonnement de son père, qui fut perpétré en 1666 ; l’agonie du vieillard dura huit mois. Elle expédia ensuite ses deux frères. Elle tenta enfin, sans succès, de supprimer Sainte-Croix lui-même, son complice ; Briancourt, précepteur de ses enfants ; son mari ; sa sœur ; sa belle-sœur…

Enivrée par l’atmosphère du crime, Mme de Brinvilliers ne tarda pas à perdre toute prudence. La mort de son affreux ami Sainte-Croix précipita les évènements. Sainte-Croix avaient en sa possession une cassette qui contenait, avec des documents compromettant pour la marquise, quelques fioles remplies de ces fameux poisons. Le contenu, inventorié, constitue des charges accablantes contre l’empoisonneuse et fait planer des soupçons sur un sieur Pennautier, haut personnage, prince de la finance, dont l’innocence éclata plus tard. Le scandale unit ces deux noms dans la rumeur vengeresse de Paris. La police hésitant à arrêter la grande dame, celle-ci gagna l’Angleterre. Le laquais La Chaussée, son complice, est jugé et rompu vif.

Mme de Brinvilliers fut appréhendée à Liège en mars 1676. Son procès bouleversa la cour et passionna la ville. La marquise subit la question extraordinaire et fut décapitée den juillet 1676, sa fin fut édifiante.

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