Les Incroyables et les Merveilleuses

En France, sous le Directoire (1795-1799), soit après la Terreur, de très jeunes gens lancent une mode très particulière.
Traumatisés par les décapitations, ils rejettent toute forme de politique en s’habillant n’importe comment.
Les hommes comme les femmes portent les cheveux courts et hirsutes “à la Titus“. Leurs nuques, très dégagées, même parfois rasées, symbolisent “la toilette des condamnés à mort” dont les cheveux sont rasés pour que la lame de la guillotine puisse glisser sans difficulté.
Ceux qui portent des cheveux longs se font des nattes, appelées cadenettes, qu’ils remontent par derrière avec un peigne et portent de gros anneaux aux oreilles.
Été comme hiver, les femmes sont très déshabillées. Elles portent “des fichus menteurs“, dévoilant par transparence leurs seins, et portent des tuniques antiques légères également transparentes qu’elles remontent sur leurs jambes gainées de bas couleur chair.
Les hommes portent des culottes parfois rayées très moulantes, des vestes à rabats démesurés, et des cravates dites “écrouelliques” qui couvrent leur cou en englobant parfois le menton, comme pour se préserver d’une éventuelle décapitation, cette cravate faisant penser aussi à un gros pansement.
Certains portent des bas rayés, tir-bouchonnés, des habits mal coupés pour paraître bossus, et un lorgnon pour paraître myope.
Leur but étant de ne pas se faire enrôler dans l’armée.
Ils sont coiffés de bicornes et de chapeaux ronds démesurés.
On raconte aussi que les Incroyables et les Merveilleuses adoptent un langage bien à eux en oubliant de prononcer le “R“.
Malg’é leur appa’ence excentrique, ces jeunes gens lancent une mode qui va pe’du’er sous l’Empi’e et dont Napoléon et Joséphine se’ont les p’emiers adeptes !

Article © PFDebert 2023

Café des incroyables. / Ma parole d’honneur ils le plaisante, 1797,
graveur inconnu, Musée Carnavalet, Histoire de Paris.
Bal de l’Opéra, Jean François Bosio, 1804, Musée Carnavalet, Histoire de Paris.
Autoportrait de Jean-Baptiste Isabey coiffé “à la Titus” et portant une cravate “écrouellique”.
Madame Arnault coiffée « à la Titus ».
Madame Arnault de Gorse, née Mauduit, belle-soeur de l’écrivain Antoine Vincent Arnault. 1800-1825, Louis Léopold Boilly © Louvre

Inc’oyable Napoléon !
On peut oublier la légende qui dit que Napoléon portait son bicorne de face pour se faire voir par ses soldats.
En réalité, Napoléon suit la mode lancée par les Incroyables !

Illustration de Napoléon Bonaparte par Isabey.
Café des incroyables. / Ma parole d’honneur ils le plaisante [sic]

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