Enquête autour d’un buste de Marie-Anne Collot, unique femme statuaire française reconnue du XVIIIe siècle.
Lors de son séjour en Russie, la sculptrice Marie-Anne Collot réalisa le buste d’une jeune fille de 15 ou 17 ans dont l’identité reste encore aujourd’hui assez mystérieuse.
Ce buste en marbre, daté de 1772, fut légué en 1866 au musée des beaux-arts de Nancy par Marie-Lucie Falconet-Jankovitch, fille de l’artiste. Actuellement il est identifié par ce musée pour être le portrait de Mary Cathcart.
Une copie en plâtre de ce buste, appartenant au comte de Warren, aujourd’hui dans les collections du Louvre, est signée et datée « Marie-Anne Collot, 1768 ».
L’identité du modèle de ce buste reste à ce jour un grand mystère.
- En 1866, Marie-Lucie Falconet-Jankovitch lègue ce buste en marbre au musée de Nancy accompagné d’une note de sa main indiquant qu’il est « le portrait d’une amie de sa mère [Marie-Anne Collot] ».
- Une hypothèse, rapidement écartée, est que ce portrait serait celui de l’impératrice de Russie Catherine II.
En effet, M. le comte de Warren, principal héritier de la famille Collot-Falconet-Jankovitch, explique à son neveu, dans une lettre datée du 25 avril 1885, qu’il possède « le moule d’un buste dont l’original en marbre blanc a été légué par Mme de Jankovitch [Lucie Falconet] au musée de Nancy, de l’impératrice Catherine à l’âge de 17 ans, fait par Mlle Collot, d’après un dessin que l’impératrice avait conservé de sa jeunesse » (Nouvelle revue rétrospective, 1898). - Mais au XXe siècle, M. Réau et M. Vallabrèque, historiens d’art, ignorent cette hypothèse pour émettre que le buste en question serait un “autoportrait” de Marie-Anne Collot.
- Puis finalement, en 1965, M. H. N. Opperman, se référant à un texte non sourcé, rapproche ce buste d’un « texte d’éloge à Mlle Collot ».
Le problème est que ce texte d’un auteur « inconnu » est composé pour une Encyclopédie sur la Russie « jamais parue » et « introuvable ».
Et le véritable problème de cette attribution est que le moule en plâtre du Louvre, copie exacte du buste en marbre de Nancy, est daté de 1768, et Mary Cathcart, née en 1757, n’aurait eu alors que 11 ANS !…
Pour faire avancer l’enquête je demande à mes ami.e.s et abonné.e.s de voter pour pour le portrait 1 ou la portrait 2 sur cette image ci-dessous. Vous pouvez le faire en laissant un commentaire.
Pour l’instant , 17 followers sur 21 ont voté pour le portrait n° 2, soit celui de la Grande Catherine et c’est un scoop !
D’autre part pour corroborer cette hypothèse :
- Si Marie Cathcart, fille de l’ambassadeur d’Angleterre à Petersbourg, avait posé pour ce buste, la famille serait repartie avec le buste en marbre qu’ils avaient commandé et payé !
- il est fort probable que l’impératrice de toutes les Russies n’est pas apprécié la pause de cette statue. Sa tête, légèrement inclinée, laisse penser qu’elle est timide, introvertie, une impératrice se doit d’être fière et c’est la tête haute qu’elle doit se présenter à son peuple. Pour cette raison, peut-être n’aurait-elle pas souhaité garder ce buste ?
- Louis Réau, spécialiste de Falconet et spécialiste de la Russie, ne remet pas en cause que cette tête est une étude de l’impératrice à l’âge de 17 ans. (Etienne-Maurice Falconet, Louis Réau, ancien directeur de l’institut français de Petersbourg, thèse, 1922)
- et enfin, M. de Warren, héritier de la collection Collot-Falconet-Jankovitch l’exprime clairement dans la lettre à son neveu M. d’Epinay qu’ “il possède la copie en plâtre d’un buste en marbre, donné au MBA de Nancy, de l’impératrice de Russie d’après un dessin d’elle lorsqu’elle avait 17 ans”.