1763, première apparition d’un “savon à barbe” sans savon…

… qui a la consistance d’un fromage à la crème
et qui est bien pratique si on se fait la barbe soi-même,
l’eau ne coule pas le long du bras, ce qui est d’une grande commodité.

Le texte entier se trouve ci-dessous, il peut paraître un peu long, mais c’est parce que j’ai gardé les coupures originales.
Il est savoureux parce qu’il nous plonge dan le XVIIIe s.

Cosmétique.
Essence pour la peau.

Tout ce qui contribue à la propreté & à la
beauté, est-toujours favorablement reçu du public ;
c’est pourquoi nous lui annonçons avec plaisir
une essence qui réunit, dit-on, ces deux avantages.
Elle est propre aux mêmes usages que les
savonnettes, mais elle mérite de beaucoup la
préférence, si elle a effectivement les qualités
Suivantes.

Cette essence, assure-t-on, adoucit & polit la
peau, en ôte les tâches, en apaise les petites
inflammations, la pénètre promptement et
répand une odeur très agréable. On sait combien
le savon est pernicieux pour la peau ; il
n’en entre pas dans cette composition : ce sont
des huiles & des sels, qui, par leur nature, ne
peuvent avoir que des effets très salutaires.

On en met quelques gouttes dans une très petite
quantité d’eau, que l’on bat avec une petite
brosse destinée à cela, l’eau devient d’une blancheur
de lait ; & si on continue à la battre quelque
temps, elle acquiert la légère consistance
d’un fromage à la crème. On l’applique sur le visage,
en le frottant avec cette même brosse, ce
qui remédie à plusieurs inconvénients ; car, de
cette manière, si on se fait la barbe soi-même,
l’eau ne coule pas le long du bras, ce qui
est une grande incommodité ; & si on se fait
faire la barbe, on n’est pas exposé à tout ce
qu’ont de dégoûtant & de malsains, des mains
qui ne refusent leur ministère à personne. Chaque
petite bouteille bien ménagée dure six mois.
& se vend trente sols avec ou sans la petite brosse.
On ne la propose au public qu’après des
expériences réitérées, & l’on nous assure qu’elle
renferme exactement toutes les propriétés qu’on
lui attribue; ce qui la rend aussi très propre à
l’usage des dames.

Elle se vend chez la veuve Bruyant, faux-
bourg S. Antoine , à coté des Enfants trouvés.
à la manufacture des velours à la Turque, au
premier, sur le devant.