En 1772, Catherine de Russie souscrit, via son sculpteur français Falconet, à un recueil illustré sur le « Costume des anciens peuples » par Dandré-Bardon et Cochin.
Les auteurs sont très fiers de leur ouvrage destiné aux artistes. Falconet, pour sa part, trouve leur recueil un peu fantaisiste…
Il faut dire que la plupart des figures illustrant le livre sur les costumes sont nues comme des vers.
Mais les cahiers de « costume antique » donnent envie à l’impératrice d’avoir un temple grec dans son parc de Tsarskoe Selo et elle demande à son sculpteur de lui trouver un architecte pour le dessiner.
Falconet, amusé lui répond :
“Madame,
Je suis bien trompé si Votre Majesté Impériale n’a pas les dessins de sa maison antique, tels qu’elle les souhaite ; et je vais écrire en conséquence à Paris. Mais pour que le costume soit presque complet, il faudrait aussi des habillements à l’antique, romains ou grecs ; il faudrait que les jours où Votre Majesté voudrait habiter sa maison antique, elle voulût bien aussi se passer de bas et de chemise et qu’elle chaussât le joli costume. Ce n’est pas tout : il faudrait faire la cuisine à l’antique et boire de ces vins de Falerne tant vantés chez Horace et chez les autres bons gourmets du temps. Il faudrait surtout avoir un meilleur cuisinier et mieux endoctriné que ne l’était M. Dacier, laquelle voulant faire un ragoût à la grecque ne fit qu’un margouillis détestable.”
Dandré-Bardon (1700-1783) était professeur d’histoire à l’Académie des Beaux-Arts. Ses élèves auxquels il n’en imposait guère l’avaient surnommé irrévérencieusement Dindon-Bardé
