Pourquoi le destin tragique d’Hosine a-t-il marqué si fort les esprits et pourquoi nous émeut-il toujours aujourd’hui ?
Hosine, de son vrai nom Joséphine de Beurges (1853-1877) est morte noyée à l’âge de 24 ans. Elle s’est jetée dans l’étang du château d’Ecot-la-Combe.
« Hosine…, Hosine…, Hosine… », ce prénom résonne étrangement avec le mythe des ondines, appelées aussi nymphes, divinités de l’eau qui hantent les étangs et les rivières.
Il résonne aussi avec le mythe d’Ophélie, la bien-aimée d’Hamlet, morte noyée, et qui fut l’héroïne mélancolique la plus représentée par les artistes de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Ecrivains, peintres, illustrateurs, sculpteurs, chansonniers, tous s’emparent de ce mythe qui finit par se superposer à celui des ondines. Encore aujourd’hui ce mythe inspire des artistes contemporains, le réalisateur Lars von Trier, par exemple, qui en fait la symbolique de son film Mélancholia.
Hosine de Beurges a-t’elle lu Hamlet de Shakespeare ?
C’est très probable car on assiste dès 1848 à un véritable engouement pour le Moyen Âge et la Renaissance (pour écrire Hamlet, Shakespeare s’est inspiré de la tragique histoire du prince de Danemark, XIIe siècle).
L’art troubadour et l’art préraphaélite sont des mouvements artistiques qui réinvente une atmosphère idéalisée de ces époques anciennes. Le mythe d’Ophélie y est donc abondamment représenté.
En se jetant dans l’étang du château, Hosine fusionne avec cette légende d’Ophélie et elle devient une ondine des rivières et des étangs.
Ses parents accablés de douleur construisent au milieu de l’étang, un petit kiosque romantique à la mémoire de leur fille unique. Mais sa dépouille sera finalement déposée dans le caveau familial du petit cimetière d’Ecot-la-Combe.
« […] Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l’air ; les anciens Sages ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce de peuples. Ils sont peu de mâles, et les femmes y sont en grand nombre ; leur beauté est extrême ; et les filles des hommes n’ont rien de comparable… […] » (Abbé Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes (1670))
