C’est une tragique histoire qui m’a été racontée pour la première fois par le guide du château de Reynel (Haute-Marne).
Je m’étais rendue dans ce village sur les traces de la duchesse de Saint-Pierre, personnage haut en couleur et très, très bonne amie d’Emilie du Châtelet. Cette nièce de Colbert avait été brièvement mariée (1 an) au gouverneur de Chaumont, Louis de CLERMONT D’AMBOISE marquis de Reynel.
Mais ceci est une autre histoire…
La jeune fille qui nous intéresse aujourd’hui portait le singulier prénom d’ « Hosine », sans doute le diminutif de Joséphine, son vrai prénom.
Hosine descendait par sa mère des familles DE ROHAN-CHABOT et DE GONTAUT-BIRON et par son père de la famille DE BEURGES, haute lignée d’écuyers au service des ducs de Lorraine depuis le XIVe s.
Les “DE BEURGES” sont seigneurs de Remicourt, de Trémont, d’Aingeray, de Braux, de Ville-sur-Saulx, de Sivry, de Merval, d’Ambly, de Houdemont, du Buisson, de Bruslevert, de Varney, de Renesson, de Levoncourt, de Vidampierre, d’Ecot-la-Combe et de Reynel.
Au XIXe siècle, époque qui nous intéresse, les châteaux de Reynel et d’Ecot-la-Combe, sont les propriétés d’Henri de BEURGES (1822-1912), père d’Hosine, qui est également propriétaire des forges de Manois.
Sa fille unique Hosine de BEURGES (1853-1877) est une amie d’enfance de Mathilde MAUTÉ (1853-1914) future épouse de Paul VERLAINE qui vint souvent faire des séjours au château de Reynel avec ses parents.
C’est dont tout naturellement que l’on promet Hosine à un maître de forges, et pas n’importe lequel, car Hosine doit épouser le comte CAROILLON de VANDEUL, maître des forges d’Orqueveaux, et arrière-arrière-petit-fils de Denis DIDEROT !
Mais voilà, Charles Denis CAROILLON de VANDEUL, dit Albert (1837-1911), alors âgé de 36 ans, ne plait pas à la demoiselle de Beurges. Devenu infirme suite à une chute de cheval, celui qu’Hosine surnomme « le boiteux » ne se mariera jamais et sera le dernier descendant direct de Diderot.
Hosine boude son prétendant et se réfugie au château d’Ecot-la-Combe.
Ses parents lui accordent un peu de répit avant d’annoncer ses fiançailles avec le prince d’HÉNIN, Thierry-Arno-Baudoin ( 1853-1934) comte d’Alsace et propriétaire du château de Bourlémont, son voisin en quelque sorte.
Mais après l’annulation brutale, par le prince, de ses prestigieuses fiançailles, Hosine, désespérée, se jette dans l’étang du château.
Elle avait 24 ans.
La légende orale raconte que la jeune femme, enceinte du palefrenier du château, ne trouva pas d’autre issue pour cacher sa honte et son désespoir que de se noyer dans l’étang.
“Monsieur le comte a perdu sa fille unique, âgée de 24 ans, la providence des malheureux. Un voile de deuil s’étend sur le village” (abbé Paul Maitrier).
Ses parents, anéantis par la tragique perte de leur fille unique, font édifier une île au milieu de l’étang et sur laquelle il élèvent un kiosque en sa mémoire.
Appelée « l’Île aux amours », cette île est assurément l’un des endroits les plus romantiques de Haute-Marne.
Sources Genalogie.net, le guide du château de Reynel, Elise Sylvestre, abbé Paul Maitrier.

