Etonnant destin de Valentin Jamerai-Duval, jeune pâtre devenu bibliothécaire et professeur d’histoire du duc Léopold

Valentin Jamerai-Duval est un personnage digne d’un roman.
Né en Champagne, dans le village d’Artonay, Valentin (orphelin de père à 5 ans) fuit sa misérable condition et traverse de violentes épreuves, notamment le terrible hiver 1709 qu’il passe recouvert de fumier au fond d’une étable , réchappant ainsi de la petite vérole qu’il a contractée, il n’ a alors que 14 ans.
Le hasard le conduit ensuite en Lorraine, où il est accueilli dans deux ermitages, celui de la Rochette dans les Vosges puis celui de Sainte-Anne, à coté de Lunéville.
Le jeune garçon, très indépendant et dont le rôle dans la communauté est de mener les vaches au pâturage, passe ses journées à lire et à s’instruire.
Il se fabrique un observatoire sur un vieux chêne pour observer la voute céleste. Le jeune “sauvage” (c’est ainsi qu’il se nomme dans ses mémoires) tombe en extase devant dix cartes du ciel et de géographie exposées sur le marché de Lunéville et les achète avec son modeste pécule, c’est à dire toute sa fortune.
Le “vacher” de Saint-Anne ne se déplace ensuite jamais sans ses cartes, les apprends par cœur et connait le monde entier dans son moindre recoin. Passionné par l’Histoire, il s’achète des livres en vendant les fourrures d’animaux sauvages, n’hésitant pas à se faire lacérer le crâne par un chat sauvage pour arriver à ses fins.
Son destin va prendre un tour singulier, lorsqu’il rencontre dans la forêt de Vitrimont, les jeunes fils du duc Léopold. Sidérés par les connaissances du jeune pâtre, les princes lui permettent de rencontrer leur père qui le prend sous sa protection et l’envoie au collège des Jésuites de Pont-à-Mousson pour parfaire son instruction.
Ensuite le destin du jeune homme sera entièrement lié à la famille ducale et il sera traité avec beaucoup de déférence par tous les membres de l’illustre famille. Sa charge de bibliothécaire et professeur d’histoire et de géographie du duc Léopold s’arrête à la mort de ce dernier, ensuite, il suit la famille ducale en Toscane puis en Autriche où il sera directeur du cabinet des médailles de François III, mari de la célèbre Marie-Thérèse d’Autriche !
Ce philosophe, modeste, humble et savant, qui a vécut sa vie dans la plus sévère austérité en dédaignant les plaisirs et le luxe, se prend, à la fin de sa vie (71 ans), de passion pour Anastasia Sokoloff, jeune fille russe rencontrée à la cour de Vienne et qu’il surnomme Bibi ! Il écrit à Bibi des centaines de lettres enflammées auxquelles la charmante Bibi répond, mais de manière plus mesurée !
Extrait d’une lettre de Valentin à Bibi :
“Je ne cesserai jamais d’être votre ami mais que si j’avais eu le bonheur de vous voir quarante uns plutôt je n’aurais jamais cessé d’être votre amant.”
Les étonnantes lettres de cet amour incroyable sont à lire sur le site de Gallica en cliquant ici :
Oeuvres de Valentin Jamerai-Duval. T1 / , précédées des Mémoires sur sa vie -1784 –

Son œuvre manuscrite est un trésor de la bibliothèque universitaire de Strasbourg et a fait l’objet d’un article passionnant à lire ici :
Trésor de Valentin Jamerai-Duval

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