Les éleuthéromanes

Les éleuthéromanes est un poème exalté écrit à la gloire de la liberté par Denis Diderot en 1772 (Éleuthéromania signifie goût excessif pour la liberté).

Ce poème sera à l’origine de la mauvaise réputation du philosophe.

On y trouve les fameux vers ensanglantés : « La nature n’a fait ni serviteur ni maître ; / Je ne veux ni donner ni recevoir de lois. / Et ses mains ourdiraient les entrailles du prêtre, / Au défaut d’un cordon pour étrangler les rois. »

Récupéré de tous côtés à des fins politiques, ce texte sera érigé par les historiens du XIXe siècle, comme un appel à la Révolution (alors qu’il n’était paru que dans la Correspondance littéraire de Grimm, journal réservé aux têtes couronnées…).

Selon certains auteurs, la statue de Diderot, boulevard Saint-Germain à Paris, aurait même servi de lieu de rdv, en 1893, aux anarchistes parisiens pour célébrer l’anniversaire de l’exécution de Ravachol.
Selon ces ” complotistes du XIXe siècle ” , Diderot était franc-maçon (ce qu’il ne fut jamais) et sa statue, boulevard Saint-Germain, indiquerait l’église où furent égorgés les prêtres lors des massacres de 1792.
(Réf. Le diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894)

Remis dans le contexte(1), soit 20 ans avant la Terreur, ce texte n’est probablement qu’une figure de style dans laquelle l’auteur s’affranchit des contraintes (de manière intempestive, certes) pour célébrer un pays imaginaire où seule la nature règnerait en maître.

(1) Chevalier de la Barre 1766
PFDebert
Diderot, parution Le Pythagore éditions, 2022.

One Reply to “Les éleuthéromanes”

  1. Merci.
    Belle explication contextualisée.
    Pascale

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