La marquise du Pont d’Oye hante toujours son “Petit Lunéville”


Le fantôme de la marquise du Pont d’Oye hanterait toujours son domaine et surtout l’esprit des habitants du Bas-Luxembourg, contrée boisée de la Wallonie (Belgique).

Considérée en 1770 comme une sorcière après avoir dilapidé la fortune de son riche mari, Louise de Lambertye (1720-1773), élevée à la cour de Lunéville, est jugée responsable de tous les maux du village d’Habay, alors ravagé par une épidémie.
Poursuivie par toutes les calomnies et abandonnée par son mari, on l’aurait retrouvée à l’aube d’un rigoureux matin d’hiver de 1773, morte de froid dans l’écurie de son ancien château.

Léon Wocquier et le baron Nothomb (grand père d’Amélie), ensorcelés tous deux par le charme de Louise, lui tissent dans leurs romans respectifs, un sarrau de sorcière et une robe de fée.

En 1850, l’écrivain philosophe Léon Wocquier écrit , La dernière marquise du Pont d’Oye, roman très détaillé, dans lequel il dresse le portrait d’une marquise mi ange / mi démon, et la justesse de ces précisions historiques nous égare. Car dans un tel ouvrage, comment départager la réalité de la fiction ?

Léon Wocquier fait évoluer Louise dans son époque avec une telle justesse que nous y retrouvons la généalogie exacte de la famille de Lambertye ainsi que des lieux et des protagonistes bien réels de la cour de Lorraine au XVIIIe siècle.
Les fêtes et l’ambiance de la cour de Stanislas y sont décrits avec une profusion de détails. Dans ce roman, Louise, contrariée par un mariage arrangé, signe un pacte avec le Diable et dépense toute la fortune de son mari en organisant des fêtes somptueuses dans son château du Pont d’Oye rebaptisé à juste titre : « le petit Lunéville ».

Quant au baron de Nothomb, propriétaire du château du Pont d’Oye en 1949, il cherche à réhabiliter la marquise (dont il est tombé littéralement amoureux) avec : La dame du Pont d’Oye, un roman anachronique (et même un peu culcul la praline) sans aucune références historiques et dans lequel il dessine une marquise irréprochable et victime de la calomnie.
Le baron ne peut se résoudre à imaginer que Louise de Lambertye est responsable de son train de vie et la compare volontiers à un oiseau sans cervelle… : « C’est un oiseau ».

Démêler le vrai du faux me semble très compliqué, la Révolution étant passé par là, la mémoire collective a bien sûr exagéré le train de vie dispendieux de la marquise.
Mais comme il n’y a pas de fumée sans feu, je pense que le roman de Wocquier est le plus proche de la vérité. M. Wocquier a le mérite de nous détailler la vie à la cour de Lunéville de cette époque dont il n’est éloigné lui-même que de cent ans.

Le fantôme de Louise errerait toujours dans le château du Pont d’Oye devenu depuis chambres d’hôtes. Ça vous tente ?
Article © PFDebert 2022

La dernière marquise du Pont d’Oye de Léon Wocquier (593 pages) à lire ici

Louise

Louise-Thérèse-Françoise de Lambertie, fille de Nicolas-François, marquis de Lambertie, chambellan du roy de Pologne, duc de Lorraine (inhumé en 1741 à Cons-la-Grandville) et de demoiselle Elisabeth de Ligniville, fille d’honneur de Son Altesse Royale Madame la duchesse de Lorraine.

Louise, baptisée à Saint-Evre à Nancy, le 7 février 1720, fut reçue dame chanoinesse du chapitre de Remiremont, le 7 septembre 1728. Elle épousa à Gerbeviller, le 3 mai 1742, haut et puissant seigneur messire Christophe-Charles du BOST, seigneur d’Esche-sur-la-Surre, marquis du Pontdoye, comte de Sel, demeurant à Luxembourg. Le contrat fut passé en présence du roi Stanislas.
Louise-Thérèse de Lambertie mourut à Anlier, province du Luxembourg-Belge, le 30 décembre 1773, âgée d’environ soixante ans, et son mari, qui était né le 7 mars 1714 à Luxembourg, décéda à Montigny-sur-Chiers (Meurthe-et-Moselle), le 3 janvier 1785.
Il était fils de messire Charles-Bernard du Bost-Moulin, seigneur d’Esch et de dame Marie-Marguerite de Stassin. Du Bost du Pontdoye porte : d’or au chêne au naturel chargé de glands d’or. On trouve ailleurs d’argent au chêne de sinople terrassé de même et un sanglier de sable mouvant du fut à dextre, ou mieux passant derrière le tronc.

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