Adèle Pillement, lunévilloise d’adoption et graveuse émérite

Illustration © Château de Joinville, Ad. Pillement


Jolie découverte (lors de recherches consacrées à mon dictionnaire des femmes artistes) et que j’ai le plaisir de vous partager.

Dans la famille Pillement, c’est sans aucun doute Jean-Baptiste Pillement, dit Jean Pillement (1728-1808), peintre et aquafortiste français, qui est le plus connu pour ses estampes représentant des chinoiseries « à sa façon ».
AU XVIIIe siècle, ce grand voyageur, né à Lyon, sillonne l’Europe, invité à toutes les cours où son œuvre est très appréciée. Il travaille pour Marie-Antoinette et pour le roi Stanislas II (Poniatowski) de Pologne (à ne pas confondre avec le roy Stanislas duc de Lorraine).

Son fils Victor Pillement (1767-1814), né à Vienne, est graveur et sa petite-fille Adèle Pillement (1794-1867), née à Paris, est aquafortiste également.

Adèle, formée à la gravure par son père, est connue pour avoir exécuté de magnifiques planches illustrant un ouvrage intitulé Les Monumens de la France… de M. le comte Alexandre de Laborde. Elle se marie avec le capitaine Pierre Antoine Franchy (1785-1852).

Au début du XIXe siècle, on retrouve la presque totalité des estampes de Pillement à Lunéville et l’on sait que la Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément s’est largement inspirée des dessins de chinoiseries du célèbre ornemaniste pour décorer ses faïences.
Pourquoi ?
Quel était le lien de la famille Pillement avec Lunéville ?

– On dit que Jean Pillement aurait peint le cabinet chinois du château d’Haroué. Ceci est peu probable, car, dans une lettre datée de 1742, Mme de Graffigny parle de ce cabinet qu’elle aurait admiré avant de partir en France, en 1739, Jean avait alors 11 ans : « […] des magots charmants sur la cheminée, et une tapisserie que j’ai fait pendre ici comme celle des cabinets de Craon, en chinois. […] »

– par contre, Adèle Pillement vit en Lorraine en 1853, car son mari Pierre Antoine Franchy (1785-1852) est capitaine de la garnison des gendarmes rouges casernant au château de Lunéville. On trouve la trace d’Adèle à Lunéville, sur un document qui énumère les femmes touchant une pension de veuve de guerre en 1853.

La venue d’Adèle en Lorraine explique donc que la presque totalité des estampes de Pillement soient retrouvées à Lunéville.

Par ailleurs, la famille de Victor Pillement est issu de la branche lyonnaise d’une famille de peintres d’origine lorraine : elle descend de Didier Pillement, peintre demeurant à Verdun.

Et voila la boucle est bouclée !

Voir à la fin de cet article de cette étude rondement menée par Pascale Debert un texte sur les descendants de Victor Pillement, compilé par Emmanuel CLAUSE, Geneanet

Vue de la Maison de Jeanne d’Arc, à Domremy, gravée par Adèle Pillement d’après Bence
Où l’on se rend compte que la maison de Jeanne d’Arc été entièrement reconstruite à la fin du XIXe siècle.

2637. – 1814, 22 décembre. Inventaire après décès de Victor Pillement, dessinateur graveur, 6, rue Jean-de-Beauvais. MC/ET/XLVI/724. 2638. – 1815, 14 novembre. Liquidation de succession de Victor Pillement ci-dessous. MC/ET/XLVI/753. [MC/ET/XLVI/733.]

Surpris de rencontrer à Lunéville la presque totalité des estampes de Pillement, je me suis renseigné et j’ai appris que plusieurs des descendants de Victor Pillement s’étaient Exilés dans cette ville et y avaient apporté les œuvres de leur ancêtre, J’ai pu alors recueillir de Mme Louis, son arrière-petite-fille * par sa grand-mère maternelle, des renseignements précieux. Pillement habita longtemps les environs de Paris, notamment le château de Gonesse, & Villiers-le-Bel, route de Chantilly, et rue des Filles-du-Calvaire et jusqu’à sa mort. Marié vers 1789, en premières noces, à Mlle Savoie, de Sarrebruck, il eut quatre filles ; la dernière, Aglaé, mourut très jeune, quelque temps après sa mère. Pillement épousa en secondes noces Mlle Moench (dit Munich), fille du peintre décorateur bien connu. Elle éleva ses trots belles filles, Marie-Rose, Agathe et Adèle, avec autant d’affection que de dévouement. Elles aidèrent leur père avec un talent remarquable et ont laissé plusieurs dessins et gravures estimés.
L’ainée épousa Auguste Moench, frère de sa belle-mère, auteur de peintures et de dessins décoratifs intéressants. Il restaura, avec son père et son frère Charles, plusieurs musées, églises, châteaux et théâtres, sous le règne de Napoléon I”. Une de ses soeurs épousa le peintre Delorme, dont on voit plusieurs toiles au château de Versailles et des peintures murales dans l’église de Saint-Gervais, à Paris. La petite maison de. campagne de Moench pere, située à Ris, près de Corbeil, fut reproduite dans un ouvrage intitulé : Les habitations des artistes contemporains. Jusqu’ici, rien n’indiquait la date de la naissance de Pillement, que Jal ne mentionne même pas, lorsqu’à Lunéville, j’ai retrouvé, dans les papiers appartenant à la famille Louis, et concernant Pillement, la carte de sûreté de ce dernier, indiquant son signalement, sa signature et son âge, en l’an X, soit en 1802. il avait à cette époque trente-cinq ans, ce qui fixe la date de sa naissance en 1767.
Emmanuel CLAUSE, Geneanet



© PFDebert 2022Eglise royale de Brou, Château de Joinville, Maison de Jeanne d’Arc à Domremy, gravés par Adèle Pillement.

Vue de l’Eglise de Brou, gravée par Ad. Pillement d’après Bence
Jean Pillement

Laisser un commentaire