Quand la fièvre des perruques gagne le diocèse de Langres !

Ou Le scandale de l’Église emperruquée !
Vers 1660, la mode des perruques, lancée par Louis XIV, atteint de plein fouet le clergé.

Cette mode capillaire gagne le diocèse de Langres grâce à l’abbé de La Rivière, évêque de Langres (1655 à 1670).
Tonsuré à l’âge de 10 ans… il est le tout premier à autoriser le port des perruques, cheveux teints, bouclés et postiches dans son diocèse.

Dès lors, vicaires, prélats, chanoines, chapelains, sous-chantres, jusqu’aux curés de campagne « se piquant eux aussi de propreté », arborent leurs perruques aux boucles poudrées.

Aucun ecclésiastique n’échappe à cette épidémie, à telle point, qu’elle est dénoncée par Jean-Baptiste Thiers, curé de Chambrond, qui décide de faire un procès… aux « satanées » perruques.
Selon lui, c’est l’Église, qui en tolérant barrettes, mitres, aumusses, capuchons, bonnets et calotte, a provoqué le scandale perruquier !

Pour le clergé, le prêtre doit refuser l’artifice. La perruque est contraire à la « modestie » de l’Eglise car elles ouvrent le chemin à des erreurs morales très graves.
Elles obligent à beaucoup de soins qui font perdre du temps et interdisent à ceux qui les portent le droit de reprocher aux fidèles le luxe des habits et des frisures exagérées…
« Quelle impression est capable de faire sur les esprits des fidèles un ecclésiastique qui fait tout le contraire de ce qu’il enseigne ? » est l’un des arguments du curé de Champrond.

Malgré ce procès retentissant, la perruque restera vissée sur les têtes des hommes d’Église… jusqu’à la Révolution.

Illustrations de couverture : A la perruque à marteaux. Enseigne de perruquier. Paris. Anonyme, entre 1700 et 1800 © Musée Carnavalet, Histoire de Paris.

Sources : Histoire des perruques, où l’on fait voir leur origine, leur usage, leur forme, l’abus et l’irrégularité de celles des ecclésiastiques, Jean-Baptiste Thiers, 1690.
A lire ici : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87132058.image
Daniel Roche, La culture des apparences.

Portrait en pied d’un évêque, époque baroque © Drouot.
Portrait présumé de l’abbé Jean-Antoine Nollet (1700-1770, Jacques de Lajoüe, vers 1740, Musée Carnavalet, Histoire de Paris.
P.C.F Aunillon Abbé du Gué de Launay […], Jacques Nicolas, Graveur, Brandt Tardieu, Auteur du modèle, 1753, Musée Carnavalet, Histoire de Paris.

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