« Ni chiens, ni chats, ni oiseaux, ni enfants dans l’atelier d’une couturière ! » (1788)

Une fois n’est pas coutume, voici une publication postée sur l’excellent blog de L’Archiviste frénétique, avec son aimable autorisation
 
“Nous fumes distraits en ce moment par des cris de Femmes ! Nous montâmes dans la maison. C’était une Epouse d’Avocat, avec sa Sœur, procureuse : Elles fesaient passer la nuit à leur couturière, pour une robe de tafetas blanc. Les Dames avaient bien recommandé la propreté ! Mais par une sorte de defiance, à minuit, elles étaient venues surprendre leur Ouvriere. Elles avaient trouvé la Maîtresse absente ; un Chien dormant sur un pan de la robe ; un Chat sur une manche ; deux Oiseaux tirés de leur cage par une jeune Aprentisse, couraient sur le dos : Une Ouvriëre qui sommeillait en travaillant, laissait traîner la queue sur le carreau mouillé !
Les 2 Sœurs firent un cri perçant ! Puis elles se mirent en fureur. Du-Hameauneuf s’efforçait de les calmer, quand la Maîtresse-couturiëre rentra, querellée par son Mari. C’était la Femme aux talons plats. Sale audedans, indecente audehors ! lui dit vivement Du-Hameauneuf, apprenez qu’une Ouvriëre ne doit avoir ni Chiens, ni Chats, ni Oiseaux, et qu’elle ne doit pas souffrir que les Enfans approchent de son ouvrage !”

Les nuits de Paris, ou Le spectateur nocturne (extrait), Nicolas-Edme Rétif de La Bretonne (1788-1794)

Illustration : Robe à la Française en taffetas de soie blanc cassé (vers 1770-1780) (Musée des Arts Décoratifs – Paris)

Robe à la Française en taffetas de soie blanc cassé

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