En 1669, paraissent les Lettres portugaises traduites en françois publiées par le libraire Claude Barbin.
Ces lettres méritent vraiment d’être lues tellement elles sont magnifiques (juste un petit doute pour la cinquième qui ne semble pas de la même main).
Si l’autrice de ces lettres d’amour demeura un temps mystérieuse, rapidement on apprend qu’elle s’appelle Mariana Alcoforado (1640-1723).
Issue de la haute noblesse portugaise, la jeune femme est religieuse au couvent Notre Dame de la Conception à Beja.
Elle a 25 ans lorsqu’elle rédige ces lettres à son amant, le marquis de Chamilly, rencontré lors de la Guerre de Restauration de l’indépendance du Portugal.
Elle est tombée follement amoureuse de cet officier français assez sot (selon Saint-Simon), lequel après l’avoir séduite, l’a éconduite d’une façon brutale.
Si personne, au XVIIe et courant XVIIIe s., ne remet en question l’authenticité des lettres de Mariana, véritable succès littéraire et plusieurs fois éditées, à la fin du XVIIIe siècle, certains hommes vaniteux vont les attribuer à un homme !
Pourquoi ? « parce qu’ils les jugent trop belles pour avoir été écrites par une femme qui n’a pas de véritable esprit critique » (dixit Rousseau).
Le pire est que, encore aujourd’hui et malgré l’évidence, elles sont toujours attribuées à leur traducteur auquel le “sot” Chamilly les avait confiées…
Parmi les preuves de leur authenticité, nombreuses, Saint-Simon lui-même, curieux de tout, n’en doute pas un instant : lorsqu’il relate la mort de Chamilly (1715), il dit dans un premier passage : « À le voir et à l’entendre (Chamilly), on n’aurait jamais pu se persuader qu’il eût inspiré un amour aussi démesuré que celui qui est l’âme de ces fameuses Lettres portugaises » ; puis y fait une deuxième allusion plus détaillée : « il (Chamilly) avait si peu d’esprit qu’on en était toujours surpris, et sa femme, qui en avait beaucoup, souvent embarrassée. Il avait servi jeune en Portugal, et ce fut à lui que furent adressées ces fameuses Lettres portugaises par une religieuse qu’il y avait connue et qui était devenue folle de lui. »