[Fiction] La Petite voleuse I Épisode 7


Le meilleur des châteaux possibles

En quelques mois à peine, Jeanne avait appris la lecture, l’écriture et quelques notions de physique et de mathématiques. En effet, la marquise du Châtelet, génie des mathématiques, testait sur sa petite servante de 11 ans et demi, la valeur pédagogique de son livre en cours d’écriture, “Les Institutions de Physique”, qu’elle destinait à son fils Florent, alors âgé de 8 ans.
Ces cours furent « une révélation » pour Jeanne et il déclenchèrent en elle un goût si fort pour l’étude, qu’elle demanda la permission d’emprunter des livres. (La bibliothèque de Cirey comptait alors plus de 21 000 ouvrages.)
Ayant appris, grâce à la châtelaine, que « rien n’est sans raison », « qu’il n’y a pas d’effet sans cause » et que « tout est bien dans le meilleur des mondes possibles », Jeanne se demandait désormais quelles pouvaient bien être les causes qui avaient provoqué son existence.
Elle avait observé une grande différence entre sa vie d’avant de petite gardeuse d’oies, et ce qu’elle vivait dans le meilleur des châteaux possibles, revêtue d’une robe de la Perse et entourée de bibelot de la Chine.
Il est vrai qu’elle ne souffrait plus du froid ni de la faim.
Toute à ses nouvelles pensées, Jeanne entendit sonner la cloche du petit déjeuner et descendit dans les cuisines pour vérifier que le plateau de Madame ne manquait de rien. Tasse et soucoupe de porcelaine ornées de roses, chocolatière et sucrier de vermeil, petits biscuits, tout était parfait.
En cette merveilleuse matinée d’été, la marquise avait prévu de se promener le long de la rivière et elle demanda à sa petite servante d’aller lui chercher son parasol pliant.
Jeanne savait exactement où le trouver. Le parasol de soie bleue était dans l’un des tiroirs de la belle commode peinte en vernis bleu et jaune de la chambre à coucher de Madame, à côté d’une boite dans laquelle on mettait toutes les clefs…
DR © PFD 2025

PARASOL, s. m. (ouvrage de Mercerie.)
toile cirée, ou piece de taffetas coupée en rond, & soutenue sur de petits morceaux d’osier ou de baleine, & sur une baguette tournée, au bout de laquelle il y a un petit bâton tourné, pour alonger le parasol, dont l’usage est de se défendre du soleil en le portant au-dessus de la tête. On fait aujourd’hui des parasols plians qui sont très-commodes. (D. J.)

Parasol pliant, XVIIIe s.
Chardin, XVIIIe s.

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