Louise Durival, une pré-révolutionnaire au château de Fléville

Louise du Fresne-Durival (1738-1819) est extrêmement moderne.
Physicienne et philosophe(1), elle joue de la guitare, s’habille en homme, vit avec une femme (2), défend des causes sociales, écrit des articles pour l’encyclopédie de Diderot et sera, malgré ses attaches anciennes, pour la Révolution.
Elle sera aussi l’égérie du salon littéraire de la duchesse de Brancas (1710-1784) à Fléville.
Son fils adoptif Joseph-Louis-Gabriel NOEL, sera volontaire(3) en 1792 et lui écrira de nombreuses lettres éditées en 1912.
La maison de campagne de son père à Sommerviller qui était son refuge est devenue une école portant son nom.

(1) elle a sans doute pour modèle Emilie du Châtelet qu’elle a rencontrée à la cour de lunéville lorsqu’elle avait 10 ans,
(2) Louise vit avec mademoiselle de JUVINCOURT nommée aussi la Métaphysique ou encore Petronaille qui la quitte en 1789, jalouse de sa fille adoptive.
(3) Au temps des volontaires – 1792, lettres d’un volontaire de 1792 (Joseph-Louis-Gabriel NOEL), par Gabriel NOEL, Plon-Nourrit, 1912

Le salon de la duchesse de Brancas

Elevée à la cour de lunéville (avec sa meilleure amie, la fille du détesté monsieur de La Galaizière), Louise-Elisabeth Dufresne-Durival (1738-1819) est une intellectuelle du salon littéraire de madame de Brancas.
Ce salon, imitant à sa mesure celui de Sceaux, réunit tous les étés au château de Fléville, de 1778 à 1784, plusieurs personnalités de la cour de Stanislas adeptes de Voltaire et vivant dans son souvenir et celui d’Emilie du Châtelet.
Joutes verbales, vers, prose, théâtre, musique, beaucoup de témoignages littéraires de ces temps heureux sont conservés à la bibliothèque de Nancy dans les papiers de Panpan Devaux, l’un des plus assidus du salon.
Il écrit des vers élogieux à Louise, sa “fée de Sommerviller” dite aussi “mémère”, qui fait la fraicheur de ce salon comptant des personnes relativement âgées : Cerruti (1738-1792) ancien jésuite de Stanislas, madame de Boufflers (70ans), l’abbé Guénard, Panpan (66 ans), la duchesse de Brancas (70 ans) etc

Voici quelques vers que dédie Panpan à Louise Durival :

Venez… parer mon ermitage,
Vous surtout qu’on ne sait comment nommer,
Vous qu’on ne saurait trop aimer,
Soit comme Hébé, soit comme un joli page.
Vous qui faites souvent briller sous le chapeau
Les grâces du beau sexe et celles du bel âge,
Et savez en orner par un charme nouveau
L’âme, l’esprit et les vertus d’un sage …

Voici aussi un portrait de Louise trouvée sur ce site très complet :

“Sous l’auréole de ses cheveux blonds finement crêpés et poudrés à frimas, c’était une fée « charmante et sublime », mais bien agitée sans doute, que cette petite femme. Rien n’apaise sa fébrile activité. Elle est philosophe avec VOLTAIRE et ROUSSEAU, physicienne avec NEWTON, astronome avec GALILEE, financière avec VAUBAN et NECKER. Elle lit du latin et du grec, fait de l’italien avec son voisin M. de RUTANT, de la philanthropie avec la présidente de NEUVRON, de la politique avec CERUTTI. Sans cesse lisant, discutant, rédigeant, réfutant, commentant, elle ne prend pas un instant de répit ni n’en laisse aux autres.
Avec cela, le pied poudreux, le goût des voyages et des excursions, l’ardent désir de se répandre, d’instruire, de former des intelligences neuves, suivant les conceptions de la vie qu’elle a faites siennes.”

Illustrations :
Louise-Diane-Françoise de Clermont-Gallerande, duchesse de Brancas © Drouot
François-Antoine Devaux. Dessin à la sanguine, aquarelle et gouache, 18e siècle © Musée Lorrain, Nancy
Joseph-Antoine-Joachim Cerutti
Sources :
Le salon de la duchesse de Brancas à Fléville par l’abbé Jacques, 1888 © Bibliothèque de Nancy
Joseph-Louis-Gabriel NOEL, fils adoptif de Mme DURIVAL © Blog généalogique de Bruno BERNARD-MICHEL

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