Les convulsionnaires de Saint-Médard

Épisode n° 3 : “Des miracles aux convulsions
Attention âmes sensibles s’abstenir !

Alors que le jansénisme vient d’être interdit en France (1727), les miracles se multiplient autour de la tombe de François de Pâris, diacre de la paroisse Saint-Médard et fervent janséniste, dont la vie, faite de mortifications, fut entièrement vouée aux miséreux.
Ces milliers de « guérisons inexpliquées » menacent la hiérarchie de l’église catholique et l’archevêque de Paris décide le 15 juillet 1731 d’interdire tout culte sur la tombe du diacre.

D’autant plus que la police remarque des miraculés suspects, dont le père Bescherant dont la jambe plus courte que l’autre s’allongeait sur la tombe du diacre Pâris.

Mais malgré cette interdiction, les miracles continuent et se répandent dans les quartiers adjacents comme une trainée de poudre.
Pire, les environs de Saint-Médard deviennent le théâtre de scènes apocalyptiques.

Habités d’une sainte foi, les indigents, hommes, femmes, et enfants sont soudainement pris de convulsions et se tordent dans tous les sens. Certains miaulent, d’autres aboient, halètent et surtout, ils implorent en hurlant qu’on les batte pour faire arrêter leurs souffrances.
Ils réclament pour guérir qu’on leur inflige des supplices atroces, coups, brûlures, flagellations, à tel point qu’une brigade est constituée pour leur venir en secours !

Les “frères secoureurs” se dévouent pour battre comme plâtre les miséreux déjà tout tordus.
En quelques mois, on compte pas moins de 800 convulsionnaires !
Cette histoire authentique a traumatisé Diderot, voisin du cimetière de Saint-Médard, et voici sa définition de « convulsionnaire » dans l’Encyclopédie :
“Secte de fanatiques qui a paru dans notre siecle, qui existe encore, & qui a commencé au tombeau de M. Paris. Les convulsions ont nui beaucoup à la cause de l’appel, & aux miracles par lesquels on vouloit l’appuyer ; miracles attestés d’ailleurs par une foule de témoins prévenus ou trompés. Jamais les Jansénistes ne répondront à cet argument si simple : Où sont nées les convulsions, là sont nés les miracles. Les uns & les autres viennent donc de la même source ; or, de l’aveu des plus sages d’entre vous, l’œuvre des convulsions est une imposture, ou l’ouvrage du diable… » “

Épisode n° 1 : “La Bulle
Épisode n ° 2 : “Les Miracles
Épisode n° 3 : “Des miracles aux convulsions
Épisode n° 4 : “De par le Roi, défense à Dieu De faire miracle en ce lieu

Pièce relative à la fermeture du Cimetière Saint-Médard
Frères secoureurs
Frères secoureurs
Eglise St-Médard © Eugène Atget
Frères secoureurs

La suite au prochain épisode !

One Reply to “Les convulsionnaires de Saint-Médard”

  1. La dinguerie n’a pas de limites ..
    Les mortifications et flagellations multiples et variées existent dans d’autres religions aussi
    – ” saddhus ” dans l’hindouisme qui se font suspendre par la peau du dos, ou
    – flagellations des participants à la fête de l’Achoura chez les musulmans chiites qui commémore l’assassinat d’Hussein, petit fils de Mahomet.

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