Les convulsionnaires de Saint-Médard


Dernier épisode :
“De par le Roi, défense à Dieu De faire miracle en ce lieu”

Alors que le jansénisme est interdit depuis 1727 en France, des malades affluent en masse autour de la tombe du diacre François de Pâris, considérée comme miraculeuse.
Les malades sont soudainement pris de convulsions lorsqu’ils s’approchent du tombeau. Ils éructent, crient, aboient, tourbillonnent, se tordent, arrachent leur vêtements en implorant qu’on les batte, ce dont les « frères secoureurs » ne se privent pas.
Le cimetière de Saint-Médard devient en quelques mois une salle de spectacle en plein air.
On loue des chaises 6 sols pour assister à la chorégraphie macabre des convulsionnaires.
Les nobles s’y rendent en chaise de poste comme s’ils allaient à l’opéra, attirés par des scènes très déshabillées et jugées obscènes.
Les policiers sont impuissants à faire appliquer la “défense d’honorer le tombeau du diacre” promulguée le 15 juillet 1731.
Le 29 janvier 1732, sur ordre du jeune Louis XV, les portes du cimetière de Saint-Médard sont définitivement scellées.
Un plaisantin y fait alors apposer cette pancarte :
« De par le Roi, défense à Dieu
De faire miracle en ce lieu. »

Mais rien n’arrête les convulsionnaires qui créent des sociétés clandestines pour pratiquer leurs effroyables séances. Ils se réunissent dans des appartements privés, des greniers, des caves.
Ils abandonnent les miracles au profit de sévices qu’ils s’infligent pour « restaurer, dans la souffrance, et dans les larmes, le rêve de l’Église primitive », leur délivrance ne se trouvant que dans la mort (souvent dans le crucifiement).
Bah, c’est un concept.
Des milliers de pages de procès-verbaux et de comptes-rendus de séances sont relatés dans les archives de la Bastille.
En 1735, les jansénistes condamnent ces actions qu’ils considèrent comme des œuvres du Diable.
Et ce n’est qu’après la Révolution que les convulsionnaires disparaîtront complètement de la circulation.
Quelques résurgences de ci de là, mais rien d’affolant.

A lire :
Les Convulsionnaires de Saint-Médard : Miracles, convulsions et prophéties à Paris au XVIIIᵉ, 1985, de Catherine Maire.

Gravure : Les convulsionnaires
Illustration : Les convulsionnaires
Gravure : Fermeture du cimetière St-Médard
Le livre des miracles
Les convulsionnaires à la Bastille

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